Vélo, potager et cerveau

• La puissance perdue

L’utilisation permanente de moteurs dans nos sociétés nous a amenés à ne plus utiliser nos muscles dans le quotidien, au point que la plupart de nos contemporains ne disposent plus que de 1 watt par kilog de puissance en endurance, (on a pu estimer qu’ouvriers et ruraux d’autrefois développaient tous entre 2 et 3 watts/kg).

Pendant les 20 premières minutes d'activité on ne dispose que de la moitié de cette puissance. Sur un vélo mal réglé, avec des pneus sous gonflés et avec un cycliste ne maîtrisant pas bien l’usage d’un vélo, en particulier ne sachant pas bien passer les vitesses, et pédaler à 1 tour de pédalier par seconde, on se retrouve dans une situation où la personne a tout juste de quoi faire bouger le vélo et, douleurs et inefficacité aidant, le dégoût s’installe immédiatement, avec une aversion définitive pour ce mode transport. Et là le piège de la désadaptation à l’effort s’installe: voir ici

 

• De l'utilité de l'activité physique

Pourtant l’activité physique est la première source de bonne santé, dès 20 minutes par jour jusqu’à un optimum vers 75 minutes par jour. Elle permet en gros de diviser les pathologies, dans nos sociétés, par deux. Sinon le piège de la sédentarisation et de la désadaptation à l’effort s’installe comme un cercle vicieux qu’il est très difficile de rompre. L’effort jugé supportable diminue jusqu’aux 1 watt/kg, voire moins, et là la personne est prise dans les sables mouvants des transports passifs.

En fait 3 à 5 heures d’activité physique chaque semaine sans effort important suffisent pour doubler la puissance musculaire en deux mois, et lorsque vous disposez de ces deux watts par kilogramme à chaud, et de ce watt par kilogramme à froid, votre perception du monde change complètement, un certain nombre de déplacements motorisés vous semblent pouvoir être effectués à pied, à vélo, en draisienne, car vous commencez à y prendre du plaisir, ce qui est le secret du maintien de cet usage du corps, d’autant qu’avec cette puissance vous allez plus vite qu'avec n’importe quel moyen de transport mécanisé. Et gratuitement, en plus.

 

• Efficacité de la draisienne

La draisienne permet à toute personne qui simplement peut marcher de doubler instantanément sa vitesse, et sa capacité à transporter des objets, sans apprentissage et en toute sécurité.

La draisienne est universelle, l’absence de chaîne et de pédales permet de la transporter et la garer partout, elle est très peu coûteuse, ne demande aucun entretien, elle permet le réentraînement à l’effort et l’apprentissage de la maîtrise d’un deux roues avant le passage au vélo, si besoin, pour pratiquement tout le monde ; la draisienne est le chaînon manquant entre la marche et le vélo. (En gros le vélo triple le rayon d’action du piéton, le vph le quadruple, la draisienne le double, la marche nordique l’augmente de 25 à 50%.)

Les quatre systèmes de propulsion humaine que sont : marche et marche nordique avec ou sans "carrix", draisienne, vélo et vph, couplés à des infrastructures dédiées à la propulsion humaine, et en particulier à des autoroutes à vélos comme à Anvers, des avenues vertes intra urbaines comme à Münster, Boulder ou Bad Rappenau, permettraient de disposer de systèmes de transport universels, écologiques économes des deniers publics et des deniers des ménages, en particulier par la cascade d’effets bénéfiques directs (pathologies) et indirects (dépollution atmosphérique et sonore) sur la santé.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Photos: Jean-Robert Thomann

Notes

1)  Si on retire la mortalité infantile et périnatale, essentiellement infectieuse, nos statistiques de santé ne sont pas meilleures qu'au moyen-âge pour les adultes. Au moyen-âge, si on atteignait 20 ans l'espérance de vie était de 64 ans, et au 15 éme siècle de 71 ans. L'espérance de vie sans maladie est en France de 60 ans pour les hommes et de 63 ans pour les femmes. Les maladies évoquées seraient très vite mortelles si une médecine très technique et compliquée ne venait endiguer cette marée de pathologies  dues essentiellement aux externalités négatives de notre civilisation. L'espérance de vie biologique des humains est de 120 ans, nous n'avons pour le moment guère progressé, hors médecine, pour les adultes.

Trois peuples approchent cet optimum de 120 ans, ce sont les Hountzas, les habitants de la vallée des centenaires en Equateur et les habitants d'Okinawa. Ils ont tous  en commun d'avoir beaucoup d'activité physique, de manger beaucoup de légumes et de fruits, peu de viande, et d'avoir un régime hypocalorique.

2)  Les autoroutes à vélo dont Anvers a réalisé 90 kilomètres et qui sont un succès aux dires des anversois rencontrés, ainsi que les avenues vertes intra urbaines, sont sans doute des solutions à étudier de très près.  Elles permettraient de dépolluer la ville, et  d'offrir des axes dépollués pour ceux qui les utiliseraient (poussettes, marcheurs, jeunes enfants,  rollers, draisiennes, vélos, hpv ... ). L'étude Vector présentée à Bruxelles (Visualisation of Exposure of Cyclists in Traffic On Road) montre de façon très impressionnante l'intérêt qu'il y a à ne pas être, si peu que ce soit, dans les sillage des véhicules à moteur: cliquer ici.

P.S. : le Carrix est une remorque pour piètons