09/11/2010
L'activité physique est un acte de soin à part entière
« Activité physique : un acte de soin. Sa promotion à travers l’éducation thérapeutique »
C’est sur ce thème que l’AGMF (association générale des médecins de France) a organisé son colloque annuel le vendredi 5 novembre à la Maison de la Chimie à Paris. En voici une synthèse.
M. Denis Jacquat, député de la Moselle, a présenté son rapport au premier ministre « Education thérapeutique du patient, propositions pour une mise en œuvre rapide et pérenne ». Ce rapport montre l’importance de l’activité physique comme source de santé, aussi bien en prévention pour le non-malade que comme médicament pour le malade. Ce thème apparaît de plus en plus comme un facteur de la plus haute importance.
Le travail « éducatif » auprès des malades
Le Dr François Bourdillon, président de la société française de santé publique, le Prof. André Grimaldi, de la Pitié-Salpêtrière, et le Dr Pierre-Yves Traynard, médecin coordonnateur du réseau Paris Diabète, ont présenté l’importance de l’éducation thérapeutique du patient et en particulier de l’apprentissage d’une activité physique adaptée.
Le Pr Jean-Michel Oppert, du centre de recherche en nutrition humaine de la Pitié-Salpêtrière, a présenté ses recommandations en matière d’activité physique. Il rappelle l’évolution des recommandations :
- Dans les années 80, on recommandait 20 minutes d’activité physique, 3 jours par semaine, entre 60 et 90% de la fréquence cardiaque maximum théorique (FMT), soit une fréquence de 60 à 90% de 220 pulsations / minute moins l’âge.
- Dans les années 90, on s’aperçoit que c’est mieux si on fait 30 minutes tous les jours à un niveau correspondant à 3 à 6 met (met : métabolisme basal de la personne considérée, c’est-à-dire l’énergie nécessaire au maintien de la vie quand on ne bouge pas) ; en gros cela correspond à l’intensité d’une marche rapide à 6 km/h.
- Dans les années 2000, on s’aperçoit qu’il y a encore un gain si on observe :
- 150 à 300 minutes/semaine en intensité modérée (accélération de la respiration, légère transpiration),
ou bien
- 75 à 150 minutes / semaine à intensité élevée
ou bien un panachage des deux.
Et on ajoute une recommandation nouvelle : un renforcement musculaire, c’est-à-dire une séance de gymnastique faisant travailler tous les groupes musculaires, 2 fois par semaine.
Mm Franck Laureyns, du pôle santé du Douaisis et président de l’association des éducateurs médico-sportifs (EMS), et Thierry Fouchard, de la fédération française pour l’éducation physique dans le monde moderne (FFEPMM), ont présenté l’importance de la collaboration avec les EMS pour mettre en place l’activité physique adaptée à chaque patient.
Catherine Destivelle, la célèbre alpiniste, présenta ensuite ce que l’entraînement bien mené peut donner comme extraordinaires performances chez une personne naturellement douée et dotée d’une grande rigueur associée à une volonté hors normes.
Le rôle thérapeutique de l’activité physique
Le Pr. François Carré, cardiologue rennais, nous a rappelé que la seule sédentarité est responsable de 20% des maladies coronariennes. En cas d’infarctus du myocarde il y a beaucoup moins de complications chez une personne ayant un bon niveau d’entraînement physique.
Il a été exposé que l’activité physique :
- est aussi efficace qu’un seul médicament antihypertenseur ;
- fait baisser les triglycérides et augmenter le bon cholestérol, mais ne modifie que peu, apparemment, le mauvais cholestérol. Mais en réalité la recherche a montré que l’activité physique diminue la capacité du mauvais cholestérol à boucher les artères. Ces remaniements au sein du mauvais cholestérol ne sont pas mesurés en routine ;
- diminue beaucoup l’insulino résistance, celle qui empêche le sucre de rentrer dans les cellules ;
- augmente la production de monoxyde d’azote (NO), qui est un puisant vasodilatateur ;
- augmente la fibrinolyse physiologique, qui est la destruction des caillots du sang qui se forment naturellement en continu ;
- augmente la fluidité du sang (viscosité) ;
- diminue les marqueurs de l’inflammation que sont la CRP et l’interleukine 6 ;
- diminue l’activité du système sympathique et augmente celle du système parasympathique (apaisant) ;
- diminue le risque de fibrillation ventriculaire enn post infarctus ;
- diminue la consommation d’oxygène du cœur ;
- est un médicament à part entière après un infarctus du myocarde. Malheureusement beaucoup de patients ne respectent pas ce qui est en définitive une prescription thérapeutique.
La Pr Martine Duclos, de Clermont-Ferrand, a montré que dans le cancer du sein chez la femme, qui représente 42 000 nouveaux cas par an, l’activité physique :
- à raison d’une heure de marche par semaine, réduit le risque de cancer de 26% ;
- semble encore plus efficace en prévention primaire chez la femme ménopausée que chez la femme non ménopausée ;
- divise par deux le risque de récidive.
Après un cancer, la diminution de l’activité physique multiplie par 4 le risque de récidive.
L’activité physique se comporte, d’après de nombreuses études multivariées, comme un médicament qui connaît une courbe dose-réponse
L’activité physique agit favorablement à tous les stades du processus de cancérisation, et diminue le risque de cancer du colon de 40% en primaire et de 40 à 50% en tertiaire.
L’importance de l’activité physique chez les sujets âgés
Le professeur Rolland, de Toulouse, a montré à quel point un programme d’activité physique sur les personnes vieillissantes diminuait le risque de chute, avec toutes les conséquences que cela peut avoir.
Une étude a montré qu’en deux mois de traitement on pouvait augmenter la force du quadriceps de 170%.
Il a aussi été montré que si on laisse les patients atteints de la maladie d’Alzeimer déambuler, leur maladie évolue moins vite.
Les jeunes sont aussi concernés
La prof. Chantal Simon, de Lyon, a montré que des programmes adaptés pour les jeunes pouvaient modifier les comportements vers plus d’activité physique et que cela était durable. Elle a rappelé que les recommandations chez les enfants, les adolescents et les jeunes ne sont pas de 30 minutes par jour, mais d’une heure d’activité physique par jour.
L’activité physique est très rentable !
Enfin le prof. Claude Le Pen, économiste de la santé de l’université Paris-Dauphine, a rappelé qu’en matière d’économie de la santé les chercheurs, au niveau international, sont d’accord pour considérer qu’il n’y a rien de plus rentable que l’activité physique. Cela ne coûte presque rien à mettre en œuvre et cela rapporte énormément, même pour de toute petites reprises d’activité physique.
22:34 Publié dans Santé | Lien permanent | Commentaires (0)
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